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Comment préparer la période des fêtes comme au Japon

par | S'organiser

Un voyage pour découvrir d’autres façons de célébrer les fêtes de fin d’années.

Admirer les lumières étincelantes, imaginer des idées de cadeaux, se bousculer autour des vins chauds dans les marchés de Noël, organiser des repas en famille, inviter du monde à ne pas savoir ou les asseoir… Les fêtes de fin d’année rassemblent. Elles s’apprécient en communauté. Elles créent une période de joie qui nous amène à aimer l’hiver et nous fait oublier le froid.

Elles exhalent la senteur des biscuits de Noël. Elles pétillent des bulles.
C’est une parenthèse dans l’année ou la chaleur humaine vole la vedette à celle du soleil.
On se sent altruiste, généreux. On offre. On reçoit.

Les gestes de gratitude apparaissent de partout pour célébrer une année qui s’achève. De douces marques d’attention pointent comme pour se rappeler que malgré le rythme de nos vies durant les mois passés, il y a une petite pause que l’on peut apprécier ensemble avant de repartir en fanfare pour une nouvelle année.

Et si cette année vous aviez l’opportunité d’essayer quelque chose de nouveau ? 

Alors, je vous emmène en voyage dans un pays où la fin de l’année se prépare différemment.
Au Japon, le 25 décembre n’est pas un jour férié et Noël n’est pas officiellement célébré, même si beaucoup de familles l’ont adopté dans leurs traditions. Les fêtes de fin d’année au pays du soleil levant se concentrent donc surtout autour du Nouvel An.
Il y a énormément d’activités et d’événements dans la préparation, mais je vais partager avec vous ceux que vous pourriez facilement adapter à la maison. Suivez-moi…

On se prépare à accueillir le dieu de la nouvelle année

Comment ? En premier lieu, en faisant comme s’il y avait vraiment un dieu de la nouvelle année. Sinon cela ne fonctionne pas. Comme pour le Père Noël, si on n’y croit pas, il ne vient pas !
Ensuite, on nettoiet et on désencombre les espaces de vie.
La période de fin d’année commence avec la journée du 13 décembre qui est consacrée au grand nettoyage. Ce grand nettoyage peut se faire jusqu’au 28. On pourrait dire que c’est l’équivalent du ménage de printemps en occident.

Cela s’appelle le Osôji (grand ménage), issu d’un rituel ancestral né de l’époque Edo, le Susu harai (essuyer la suie). Ce rituel consistait initialement à éliminer la suie des lampes et des braseros. Aujourd’hui, le grand dépoussiérage est appliqué à tous les espaces que l’on occupe durant l’année. On peut même assister à ce rituel, accompli par les moines, dans certains grands temples et sanctuaires du pays.

Les habitations et les bureaux sont désencombrés de tout ce qui n’est pas utilisé, les salles de classe lavées, les pupitres d’écoliers vidés… On fait briller les vitres et on rafraîchit tous les recoins de la maison pour déloger les mauvais esprits qui auraient pu s’y cacher. Les maisons doivent être propres avant d’aménager les décorations des fêtes.

C’est quand même une visite divine que l’on prépare ! Vous ne voudriez pas que le dieu de la nouvelle année se cogne le gros orteil sur ce bac de vêtements que vous deviez donner depuis déjà plusieurs semaines ou qu’il reçoive sur la tête toutes vos boîtes de médicaments à moitié périmés ou les objets entassés dans vos placards ? Ooooh non, surtout pas ! Parce que si le Père Noël est suffisamment agile pour passer par la cheminée et éviter tout le bazar de la maison, on n’a aucune information du genre sur le comportement du dieu de la nouvelle année ! 😉

Comment adapter tout ça chez vous ?
Si vous étiez en train de chercher une motivation pour désencombrer votre maison, n’attendez plus le printemps.

Mettez-vous au diapason nippon et faites de la place à l’énergie de la nouvelle année qui arrive !

Quand la maison est toute propre et débarrassée du superflu, que fait-on ensuite ?

On installe des décorations pour le Nouvel An !

Vous avez sûrement l’habitude d’installer des ornements de Noël, avec la traditionnelle couronne sur la porte d’entrée. Pour cette année, peut-être aurez-vous envie d’essayer quelque chose de nouveau dans vos décorations ?
Voici de quoi vous donner des idées : les shimekazari.

Ce sont des cordes de paille de riz (shimenawa), que l’on agrémente principalement de divers symboles de longévité ou de prospérité, comme des petites branches de pin, du bambou, une orange, etc. D’ailleurs, en vivant sur place, j’avais remarqué l’extraordinaire place que les croyances et superstitions tiennent dans la vie des Japonais.
C’est sans doute une des raisons qui font que les traditions se perpétuent malgré l’implantation massive des pratiques modernes. Dans le cas des shimekazari par exemple, bien au-delà de l’aspect esthétique, on leur attribue la fonction d’attirer la chance et de chasser les mauvais esprits.

Comment l’adapter chez vous ?
Voilà de quoi revamper le style de votre couronne de Noël avec des éléments qui ont une signification particulière pour vous en cette période des fêtes un peu spéciale.

Ensuite ?

On envoie des Nengajo, ces cartes de vœux livrés le Jour de l’an


Ding dong ! Vous émergez à peine de votre réveillon et surprise ! Vous avez une sympathique carte de vœux à votre porte.
Au Japon, c’est une tradition qui a résisté à la vague des vœux électroniques. Rien qu’en 2019, plus de 2,4 milliards de cartes de vœux de Nouvel An ont voyagé à travers le pays. Soit environ une quinzaine de nengajo par habitant.

Afin de répondre à ce gros pic de circulation du courrier, d’un bout à l’autre de l’archipel, la Japan Post offre de recevoir les nengajo dès le début du mois de décembre afin de pouvoir les trier et les stocker en vue de la distribution par un service spécial au Nouvel An. Il suffit pour cela de spécifier « nenga » sur la carte.
Toutes celles qui sont postées avant le 25 décembre sont garanties d’être livrées le 1er janvier. Les bureaux de poste emploient donc un grand nombre d’intérimaires, spécifiquement pour répondre à ce service exceptionnel.

L’idée est d’envoyer une carte de remerciement pour l’année écoulée, aux personnes qui ont été présentes pour nous ou bien de garder contact avec ceux qu’on n’aura pas eu l’occasion de fréquenter depuis un moment. Pour chaque nengajo que l’on reçoit, il est d’usage d’envoyer une réponse avant le 3 janvier.

Comment l’adapter chez vous ?
Même s’il n’y a pas de service de distribution spéciale là où vous êtes, avouez que c’est tout de même plaisant de recevoir une carte de vœux dans les premiers jours de l’année. Surtout par ces temps où tout le monde texte 2 mots rapides sur son téléphone ou expédie des messages par internet.

Préparer des cartes est un excellent moyen de se mettre au calme pour écrire, créer, s’évader. Si vous voulez en savoir plus sur comment utiliser l’effet antistress des loisirs créatifs, vous allez aimer ce que j’ai partagé dans cet autre article.

Si vous avez des enfants, cela peut aussi être une occasion spéciale de fabriquer vos cartes de vœux avec leurs dessins et collages. Ils en seront très fiers.
C’est aussi l’occasion de vous initier aux origami, cette activité de pliage de papiers colorés. Ici, mon fils a commencé à l’âge de 5 ans et tout comme ses amis, il adore ! Ils en collent sur les cartes d’invitation et ça nous fait des vacances des autocollants Doreamon. De plus, il y a beaucoup de tutoriels accessibles en ligne pour vous guider dans la réalisation de vos premières oeuvres.
Vous pouvez également vous inspirer du signe chinois de la nouvelle année pour illustrer vos cartes. Beaucoup de décorations japonaises dédiées au Nouvel An portent sur ce thème.

Quoi d’autre ?

On célèbre le solstice d’hiver, le Toji

Vous avez probablement remarqué que lorsque les journées raccourcissent et que les nuits s’allongent, on peut ressentir de la fatigue et une certaine morosité. C’est pourquoi le solstice d’hiver, vers le 21 décembre, avec la nuit la plus longue de l’année, est un jour célébré dans plusieurs cultures. En effet, à partir de cette date, les nuits deviennent de plus en plus courtes, au profit de plus longues journées. C’est le Ichiyo-raifuku. Littéralement, ce terme signifierait que le soleil regagne de la force et que le printemps est en route.

Arrivé de Chine durant la période Edo, cette expression était déjà utilisée dans « Le livre des changements », l’un des plus vieux textes dans « Les Cinq classiques » de la littérature chinoise du confucianisme. Il n’y désignerait pas seulement le solstice d’hiver, car voudrait également dire que « les choses s’améliorent après que les mauvaises choses s’achèvent ». Personnellement, je trouve que ça sonne comme le fameux « après la pluie, le beau temps ».

Comme dans l’hémisphère nord, cette journée annonce également le début de la période la plus froide de l’année, il est de coutume au Japon de renforcer le corps en consommant des légumes de saison, tels que les haricots rouges ou les courges. Ces dernières sont appréciées pour leur haute valeur nutritive. Vous en apprendrez plus sur le sujet dans ce post du blog nutrition-sante-et-equilibre-alimentaire.com. Et pour ne rien en perdre, vous avez toutes les recettes pour les manger de la peau aux graines, dans ce billet de mamanzerodechet.com.

Aussi, afin de fortifier le corps pour traverser l’hiver, les Japonais vont prendre des bains chauds avec des morceaux de citrons yuzu. Vous savez, cet agrume vedette dans les émissions de cuisine ? Plus gros qu’un citron classique, mais ne dépassant pas la taille d’une orange, il revêt une peau jaune, épaisse et irrégulière.

Comment adapter ça chez vous ?

Vous en trouverez facilement des citrons yuzu dans les épiceries asiatiques. On dit que ces bains pris le jour du Toji vont réchauffer le corps pour ne pas s’enrhumer durant les mois froids.

Vous avez donc maintenant une très bonne raison de prendre le temps de vous faire couler un bain chaud ! Si vous n’avez pas de baignoire, pourquoi ne pas vous offrir un bain de pied dans une bassine d’eau parfumée aux yuzu ? Il y a parfois des situations qui n’ont que des solutions.

Nous voilà à présent bien revigorés, connectés par des vœux à plein de gens qu’on aime, respirant la fraîcheur d’une maison toute propre, enfin prêts à accueillir une heureuse nouvelle année.

On finit l’année par le Omisoka, le réveillon du Nouvel An

Dans les temps les plus anciens, le jour prenait fin au coucher du soleil. On préparait alors un repas festif pour commencer le premier jour de l’année avant même le lever du jour. Mais aujourd’hui, les grandes festivités gastronomiques se déroulent surtout durant les 3 premiers jours de l’année. Pour Omisoka le repas traditionnel est assez frugal et composé essentiellement de toshikoshi-soba.

Toshikoshi signifie littéralement passer d’une année à l’autre.
Les soba sont de longues nouilles à base de farine de sarrasin. Elles peuvent être consommées chaudes en soupe ou froides, trempées dans un petit bol de sauce à chaque bouchée. Dans tous les cas, on les « slurp ». Il doit y avoir un verbe dans le dictionnaire en français pour décrire ce bruit que les gens font en aspirant ces nouilles entre leurs lèvres, mais je trouve que le son du mot slurp est tout à fait parlant.

Comme la plupart des traditions japonaises, les toshikoshi-soba sont associées à des superstitions.

Selon certains historiens, le soba représenterait la force et la résilience, puisque les tiges de sarrasin se redressent après avoir fléchi sous le vent et la pluie. Si ces mots vous parlent, vous apprécierez sans doute lire le récit sur mon voyage à Hiroshima.

Selon d’autres experts, la forme longue et fine des nouilles signifierait le souhait d’une longue vie, paisible et sans incident.
Comme les nouilles soba sont minces, on dit aussi qu’elles peuvent être facilement coupées et marquer ainsi une rupture nette avec l’année écoulée et les désagréments qui ont pu l’accompagner.
Par ailleurs, du fait que la farine très fine du soba était autrefois utilisée par les orfèvres pour recueillir les restes de poussière d’or, elle a été associée à l’or et à la bonne fortune.

Comment l’adapter chez vous ?

Alors, si cette année vous n’avez pas l’occasion d’arpenter de beaux marchés locaux avec vos produits favoris des fêtes de fin d’année, laissez-vous tenter par la découverte d’une bonne soupe de nouilles soba. Elle est relativement simple à réaliser et tous les ingrédients sont des produits emballés qui peuvent être achetés en ligne. Une recette que j’aime bien est celle de justonecookbook.com, avec un pas a pas en photos.

Lorsque vous degusterez vos soba, vous pourrez vous amuser à y associer la signification qui vous fait du bien au moment du slurp !

Voilà donc comment oublier la grisaille et préparer les fêtes comme au Japon

Cette petite balade tire à sa fin. Mais avant de finir, je voulais aussi vous raconter, pour la petite histoire, qu’avant minuit, la plupart des Japonais ont pour habitude de quitter leur domicile pour aller faire une prière dans un sanctuaire shintô ou un temple bouddhiste où sonneront non pas les 12, mais les 108 coups de minuit, les Joya no kane.
Les cloches résonnent autant de fois pour chasser les 108 désirs et tentations terrestres. Beaucoup d’espoir pour la prochaine année.

C’était un voyage autour de ce qui est plus facilement transposable à la vie occidentale. Mais, le shiwasu, (le dernier mois du calendrier), est garni de bien d’autres us et coutumes, préparant aux premiers jours de l’année, qui sont très riches en activités festives.

J’espère que ce petit tour aura contribué à éveiller votre curiosité et à booster votre créativité, pour que l’esprit de joie durant ces fêtes de fin d’années ne souffre pas des contraintes actuelles.

Joyeux temps des fêtes !


Références (non exhaustives) :

  • “A visual guide to annual events in Japan” de Noriko Takano, aux editions Ehon House Publishing Inc de Tokyo
  • Bibliothèque nationale de France/expositions/Chine
  • Waseda University, alumni newsletter
  • “Why not spend new years eve totally soba”, Japan Times 2010

11 Commentaires

  1. Super article, merci !
    Tu m’as vraiment fait voyager, et le voyage a été très agréable à lire ! Je crois que je vais tout-de-suite aller me faire couler un bain chaud avec des Yuzu !!!
    Dommage, en effet, que la tradition des cartes de vœux se perdent au profit des mails et SMS, un peu trop impersonnels à mon goût. Mais il existe encore quelques « irréductibles Gaulois » qui ont la chance de recevoir de belles cartes dans leur boîte aux lettres !
    Bonne préparation de fêtes à toit et ta famille !

    Réponse
  2. Tellement dépaysant, ça fait du bien, merci ! J’adore l’idée du flot de cartes de vœux qui oblige la poste japonaise à une organisation spéciale, vraiment sympa que cette tradition ait résisté au tout numérique 🙂

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  3. Bonjour!
    Super article je ne connaissais pas les Nengajo. Je trouve cela très original. C’est vraiment sympa. J’ai prévu un article en décembre sur un jeu permettant d’offrir en aveugle une carte de voeux à l’un des invités du réveillon. Je ferai mention de ton article 😉
    Emy
    https://lesanimaginables.com

    Réponse
  4. Merci pour ce voyage au Japon !
    En tant que Home Organiser j’aime beaucoup l’idée de la journée du 13 décembre … c’est une excellente idée de désencombrer et nettoyer en fin d’année ; une bonne façon de laisser derrière soi tout ce qui nous encombre.

    Réponse
  5. Merci pour cette plongée dans une culture de l’hémisphère nord et pourtant si différente de la notre en France !! Ce sont toutes ces coutumes qui font le charme de chaque pays et votre article nous fait vraiment toucher du bout du doigt un « autre monde ». Un jour j’irai j’en suis certain !!

    Réponse
  6. Superbe article, merci de nous faire découvrir ces traditions ! Je crois que je vais me remettre aux cartes de voeux papier cette année. Quant au yuzu, je ne connaissais pas le bain au yuzu mais un autre truc génial, c’est le thé au yuzu ! Vous achetez une sorte de confiture de yuzu dans une épicerie asiatique et vous en mettez une cuillère dans une tasse d’eau chaude. C’est super bon !

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  7. Merci pour cet article plaisant et intéressant. Ma pratique préférée, je crois que c’est celle des cartes de vœux, ainsi que celle d’accueillir l’Esprit Divin de la Nouvelle Année. Depuis quelques années j’ai instauré une pratique, ou plutôt un rituel de fin d’année: celui d’écrire tous les cadeaux que l’année écoulée m’a apportés. C’est une liste de Remerciement pour entrer dans la Nouvelle Année dans cet esprit de Gratitude et de Magie.

    Réponse
  8. Bonjour !
    Quelle merveille cet article !
    Une véritable invitation au voyage et au dépaysement.
    Merci pour votre participation au carnaval d’articles, cela sera un vrai plaisir que de présenter votre blog.

    Au plaisir.

    Réponse
  9. Merci pour ce texte. Il y a de la poésie dans ton écriture. Ça donne le goût d’apporter le Japon chez nous!

    Réponse
  10. C’est amusant de découvrir d’autres coutumes pour ce passage à une autre année. C’est quand même profondément ancré dans la nature humaine que de voir de nouveau les jours grandir et le paysage s’épanouir après le solstice d’hiver. Merci pour cette découverte.

    Réponse
  11. Très sympa, cet article ! Dépaysant et instructif, c’est génial de voir qu’il reste des cultures qui résistent à l’uniformisation, à la « globalization ». Merci pour le voyage !

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