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Le pouvoir de la vulnérabilité

par | Ralentir

Avez-vous noté les situations où vous avez honte de vous montrer tel que vous êtes, avec ce que vous avez ?
Peut-être que cela vous fait penser à un moment au travail où vous n’aviez pas osé montrer que vous ne disposiez pas des ressources nécessaires, en terme de moyens ou de compétences. Peut-être que cela vous fait penser à ces situations où vous n’avez pas osé refuser d’accomplir ce qu’on vous demandait. Vous n’aviez pas osé dire non pour ne pas laisser paraître votre vulnérabilité.

Ah, cette sensation de ne pas être assez qui mine la confiance et l’estime de soi ! On n’y pense pas toujours, mais craindre le regard des autres et ce qu’ils pourraient dire ou penser, demande beaucoup d’énergie. On donne beaucoup de soi lorsqu’on adapte en permanence son comportement. Par ailleurs, cela requiert énormément d’énergie de faire des efforts, contre notre nature, dans le but de ne pas déplaire.

Pourtant, c’est ce que nous nous évertuons à faire lorsque nous ne nous autorisons pas la vulnérabilité. Nous pouvons parfois nous entêter à ne pas paraître vulnérable, au risque même de nous épuiser.

La vulnérabilité pour oser être soi

Quand j’étais enfant, ma mère nous lisait souvent des petites histoires dans un livre de contes dont le titre ressemblait à quelque chose comme « Et si c’était vous ? ». Un dimanche après-midi pluvieux, pendant qu’on regardait la pluie ruisseler sur l’allée de pierres du jardin, ma mère nous avait conté l’histoire d’un jeune homme qui avait quitté sa famille à la campagne pour aller étudier en ville. Ses parents paysans, avaient économisé toute leur vie afin de pouvoir lui offrir de belles études. N’ayant pas eu la chance de vivre ce qui leur semblait être un rêve, ils avaient consacré tous leurs efforts à habiller leur fils des lumières du savoir.

Un jour, ils voulurent lui rendre visite. La mère s’était levée tôt pour cuisiner le repas préféré de son garçon et l’avait  emporté avec la tendresse d’une mère qui a hâte de faire plaisir à son enfant. Après un long trajet en autocar, ils arrivèrent donc au pensionnat où résidait leur fils.

Lorsque les amis de ce dernier se mirent à se moquer de l’apparence du couple de paysans qui arrivait dans l’établissement, le jeune homme gêné fit mine de rire avec eux. Et lorsqu’il dut accueillir ses parents, il s’éloigna de ses amis en leur précisant que c’étaient là des domestiques que ses parents avaient envoyés lui faire une commission. Je me souviens avoir été triste pour les parents du jeune homme et en colère contre son attitude. Ma mère, avec cette histoire, nous expliquait alors ce qu’était la honte.

La honte c’est ce sentiment que l’on éprouve lorsqu’on a peur que les autres découvrent quelque chose de nous que nous avons nous-même du mal à accepter. On peut l’oppposer au fait de s’autoriser à être vulnérable, au fait de s’accepter et de s’aimer dans son entièreté pour oser s’afficher tel que l’on est. 

Être vulnérable c’est oser se montrer tel qu’on est, avec toute notre histoire et chaque part de notre personne. C’est assumer d’où l’on vient quelque soit notre parcours de vie. C’est ne plus avoir peur que les autres nous voient dans notre authenticité.
Accepter que nos forces s’équilibrent avec nos faiblesses, nos compétences avec nos apprentissages et nos réussites avec nos échecs. Chaque personne est un tout. Sans compromis sur nous-même.

En d’autres termes, lorsqu’on accepte d’être vulnérable, on ose s’exposer en toute honnêteté, sans carapace ni armure. On prend le risque d’être rejeté, et c’est là une grande preuve de courage.

La vulnérabilité pour plus de courage

Nous avons tous des peurs de décider et d’agir. Même si elles sont différentes selon notre expérience de vie, elles ont en commun l’objectif d’éviter de nous créer de la douleur. C’est pourquoi elles nous alertent lorsque nous croyons ne pas être capables de gérer la critique et les émotions désagréables ou douloureuses que celle-ci peut générer dans notre corps. 

Pourtant, aussi fortes qu’elles semblent être, nous pouvons dépasser ces peurs. Et le secret, nous le savons, c’est le courage. Vous savez, celui qui réveille nos ressources intérieures les plus puissantes pour vous faire agir malgré vos craintes ?
C’est pour quoi accepter sa vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Elle permet de réveiller ce courage dêtre soi et de l’amplifier avec les actions que l’on ose mener jour après jour. Le courage se travaille, se cultive. On peut le faire grandir avec amour. Un amour pour soi malgré nos erreurs, nos blessures ou nos douleurs.

Peu importe l’action que l’on décide de mener, on ne plaira jamais à tout le monde et on suscitera toujours des critiques. Or, vivant en société, nous ne pouvons pas nous cacher du regard des autres. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons apprendre à nous en détacher pour continuer à avancer et ne plus ressentir la honte de nos décisions, de nos réussites, de nos échecs et de tout ce qui fait être qui nous sommes.

Brené Brown, une enseignante-chercheuse américaine qui travaille sur la honte et la vulnérabilité, fait référence dans ces conférences à une citation de Theodore Roosevelt, pour nous rappeler que le plus important c’est d’entrer dans l’arène. Car, peu importe l’issue, on aura osé le courage de se battre pour ce qu’on voulait.

Ce n’est ni la critique, ni celui qui pointe du doigt celui qui a trébuché ou explique comment on aurait pu faire différemment qui importe. L’hommage revient à la personne qui est dans l’arène, dont le visage est couvert de poussière, de sueur et de sang, qui combat vaillamment, qui porte un message, qui montre ses limites, commettra des erreurs, et qui, à la fin, qu’elle réussisse triomphalement ou qu’elle échoue, a au moins osé courageusement.

La vulnérabilité pour oser créer le changement

Vous l’aurez compris, la peur de la honte et de la critique peuvent nous paralyser dans nos actions. Lorsque nous n’avons plus honte de notre vulnérabilité, nous n’avons plus honte de ne pas être des super-héros qui réussissent tout brillamment.
C’est ainsi que la peur de l’échec se dissipe et ne nous retient plus d’essayer. Par conséquence, le besoin d’être parfait cesse alors d’être un frein pour avancer vers ce qui nous tient réellement à coeur.
Accepter notre vulnérabilité c’est oser se lancer dans l’incertitude. Oser accepter que rien n’est figé, que la situation parfaite n’apparaîtra pas par magie. C’est prendre le risque d’agir pour le changement. 

Le changement est un processus souvent inconfortable et impliquant des prises de risques sur divers plans. Mais il est aussi nécessaire pour continuer.
Accepter sa vulnérabilité, c’est accepter de se tromper et de devoir recommencer. Mais chaque action aura déjà participé au changement. À l’évolution.

 La vulnérabilité est le lieu de naissance de l’innovation, de la créativité et du changement.
Brené Brown

Le pouvoir de la vulnérabilité…

Même si on vit dans un monde régit par l’image, par la perfection et la performance, nous avons le pouvoir de choisir qui nous voulons être.Alors, quelle personne choisissez-vous d’être ? Comment pourriez-vous avoir le courage de dépasser vos peurs, pour vous montrer tel que vous-êtes et créer le changement vers la vie qui vous inspire ?

3 Commentaires

  1. Je suis en plein dans ces réflexions pour le moment! Et ça avance bien.

    Comme dit Mark Manson dans « L’art subtil de s’en foutre », il faut surmonter l’adversité en assumant ses différences, au nom de nos valeurs. Et quand on a peur de ce que les autres pensent, c’est parce qu’on redoute que ceux-ci nous renvoient le mal qu’on pense de nous-mêmes.

    Merci pour cet article !

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  2. Article super intéressant et très bien écrit. Merci 🙏

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  3. Article très intéressant.
    Ce n’est jamais simple de sortir sans ce manteau dont nous nous couvrons, qui nous cache et nous transforme au yeux des autres.

    Réponse

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